中法对照:A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU III 追忆似水年华 第三卷(153)
中法对照:A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU III 追忆似水年华 第三卷(153)
À l’ombre des jeunes filles en fleurs 斯万夫人周围
作者:Marcel Proust 马塞尔-普鲁斯特
Deuxière Partie 第二部
编辑整理:WANGGUOTONG
— Et alors qu’est votre oncle ?
“那你的舅舅又是什么人呢?”
— Il porte le titre de baron de Charlus. Régulièrement, quand mon grand-oncle est mort, mon oncle Palamède aurait dû prendre le titre de prince des Laumes, qui était celui de son frère avant qu’il devînt duc de Guermantes, car dans cette famille-là ils changent de nom comme de chemise. Mais mon oncle a sur tout cela des idées particulières. Et comme il trouve qu’on abuse un peu des duchés italiens, grandesses espagnoles, etc., et bien qu’il eût le choix entre quatre ou cinq titres de prince, il a gardé celui de baron de Charlus, par protestation et avec une apparente simplicité où il y a beaucoup d’orgueil. « Aujourd’hui, dit-il, tout le monde est prince, il faut pourtant bien avoir quelque chose qui vous distingue ; je prendrai un titre de prince quand je voudrai voyager incognito. » Il n’y a pas selon lui de titre plus ancien que celui de baron de Charlus ; pour vous prouver qu’il est antérieur à celui des Montmorency, qui se disaient faussement les premiers barons de France, alors qu’ils l’étaient seulement de l’Île-de-France, où était leur fief, mon oncle vous donnera des explications pendant des heures et avec plaisir parce que, quoiqu’il soit très fin, très doué, il trouve cela un sujet de conversation tout à fait vivant, dit Saint-Loup avec un sourire. Mais comme je ne suis pas comme lui, vous n’allez pas me faire parler généalogie, je ne sais rien de plus assommant, de plus périmé, vraiment l’existence est trop courte.
“他的贵族头衔是夏吕斯男爵。照规矩,我的外叔祖父去世时,我的舅舅帕拉墨得本应取得德-洛姆亲王的头衔,他的哥哥成为盖尔芒特公爵之前就是这个头衔。这个家族里,人们更名改姓就像换衬衣一样。可是我舅舅对所有这些事都有一些特别的想法。他觉得意大利的公爵,西班牙的什么高级称呼等等都用得太滥,虽然他可以在四、五个亲王头衔中进行挑选,但他出于抗议,保留了夏吕斯男爵的头衔,表面上很朴素,实际上这里头包含着许多自傲。他说:‘如今什么人都是亲王,可是毕竟得有点东西使你与众不同。待我想隐姓埋名出门旅行时,我一定取一个亲王头衔。’照他的说法,没有比夏吕斯男爵更古老的头衔了。蒙莫朗西男爵自称是法兰西最古老的男爵,其实不确,因为他们那时只是他们的采邑法兰西岛的男爵。为了向你证明夏吕斯男爵早于蒙莫朗西男爵,我的舅舅会兴致勃勃地给你解释上几个小时。虽然他非常精明,有才干,他仍然觉得这是一个非常生动的谈话题材,”圣卢微微一笑说道。“可是我不像他,你不要叫我谈什么系谱,我真不知道还有什么比这个更叫人昏昏欲睡,比这个更过时的了。确实,人生太短暂了。”
Je reconnaissais maintenant dans le regard dur qui m’avait fait retourner tout à l’heure près du casino celui que j’avais vu fixé sur moi à Tansonville au moment où Mme Swann avait appelé Gilberte.
从刚才在赌场附近使我转过身去的那股生硬的目光中,我现在认出了当年在当松维尔,斯万太太召唤希尔贝特时我见过的死死盯住我的目光。
— Mais parmi les nombreuses maîtresses que vous me disiez qu’avait eues votre oncle, M. de Charlus, est-ce qu’il n’y avait pas Madame Swann ?
“你告诉我,你的舅舅德-夏吕斯先生有过许多情妇,这里头有没有斯万太太?”
— Oh ! pas du tout ! C’est-à-dire qu’il est grand ami de Swann et l’a toujours beaucoup soutenu. Mais on n’a jamais dit qu’il fût l’amant de sa femme. Vous causeriez beaucoup d’étonnement dans le monde si vous aviez l’air de croire cela.
“噢!绝对没有!他是斯万先生的一位好友,一向给斯万先生许多支持。可是,从来没有人说他是斯万老婆的情夫。如果你流露出相信这个的样子,肯定会在上流社会里引起极大的惊异。”
Je n’osais lui répondre qu’on en aurait éprouvé bien plus à Combray si j’avais eu l’air de ne pas le croire.
我没敢回答他说,如果我流露出不相信这个的样子,在贡布雷,人们会感到更加惊异的。
Ma grand’mère fut enchantée de M. de Charlus. Sans doute il attachait une extrême importance à toutes les questions de naissance et de situation mondaine, et ma grand’mère l’avait remarqué mais sans rien de cette sévérité où entrent d’habitude une secrète envie et l’irritation de voir un autre se réjouir d’avantages qu’on voudrait et qu’on ne peut posséder. Comme au contraire ma grand’mère, contente de son sort et ne regrettant nullement de ne pas vivre dans une société plus brillante, ne se servait que de son intelligence pour observer les travers de M. de Charlus, elle parlait de l’oncle de Saint-Loup avec cette bienveillance détachée, souriante, presque sympathique, par laquelle nous récompensons l’objet de notre observation désintéressée du plaisir qu’elle nous procure, et d’autant plus que cette fois l’objet était un personnage dont elle trouvait que les prétentions sinon légitimes, du moins pittoresques, le faisaient assez vivement trancher sur les personnes qu’elle avait généralement l’occasion de voir. Mais c’était surtout en faveur de l’intelligence et de la sensibilité, qu’on devinait extrêmement vives chez M. de Charlus, au contraire de tant de gens du monde dont se moquait Saint-Loup, que ma grand’mère lui avait si aisément pardonné son préjugé aristocratique. Celui-ci n’avait pourtant pas été sacrifié par l’oncle, comme par le neveu, à des qualités supérieures. M. de Charlus l’avait plutôt concilié avec elles. Possédant, comme descendant des ducs de Nemours et des princes de Lamballe, des archives, des meubles, des tapisseries, des portraits faits pour ses aïeux par Raphaël, par Vélasquez, par Boucher, pouvant dire justement qu’il visitait un musée et une incomparable bibliothèque rien qu’en parcourant ses souvenirs de famille, il plaçait au contraire au rang d’où son neveu l’avait fait déchoir tout l’héritage de l’aristocratie. Peut-être aussi moins idéologue que Saint-Loup, se payant moins de mots, plus réaliste observateur des hommes, ne voulait-il pas négliger un élément essentiel de prestige à leurs yeux et qui, s’il donnait à son imagination des jouissances désintéressées, pouvait être souvent pour son activité utilitaire un adjuvant puissamment efficace. Le débat reste ouvert entre les hommes de cette sorte et ceux qui obéissent à l’idéal intérieur qui les pousse à se défaire de ces avantages pour chercher uniquement à le réaliser, semblables en cela aux peintres, aux écrivains qui renoncent à leur virtuosité, aux peuples artistes qui se modernisent, aux peuples guerriers prenant l’initiative du désarmement universel, aux gouvernements absolus qui se font démocratiques et abrogent de dures lois, bien souvent sans que la réalité récompense leur noble effort ; car les uns perdent leur talent, les autres leur prédominance séculaire ; le pacifisme multiplie quelquefois les guerres et l’indulgence la criminalité. Si les efforts de sincérité et d’émancipation de Saint-Loup ne pouvaient être trouvés que très nobles, à en juger par le résultat extérieur, il était permis de se féliciter qu’ils eussent fait défaut chez M. de Charlus, lequel avait fait transporter chez lui une grande partie des admirables boiseries de l’hôtel Guermantes au lieu de les échanger, comme son neveu, contre un mobilier modern style, des Lebourg et des Guillaumin. Il n’en était pas moins vrai que l’idéal de M. de Charlus était fort factice, et si cette épithète peut être rapprochée du mot idéal, tout autant mondain qu’artistique. À quelques femmes de grande beauté et de rare culture dont les aïeules avaient été deux siècles plus tôt mêlées à toute la gloire et à toute l’élégance de l’ancien régime, il trouvait une distinction qui le faisait pouvoir se plaire seulement avec elles, et sans doute l’admiration qu’il leur avait vouée était sincère, mais de nombreuses réminiscences d’histoire et d’art évoquées par leurs noms y entraient pour une grande part, comme des souvenirs de l’antiquité sont une des raisons du plaisir qu’un lettré trouve à lire une ode d’Horace peut-être inférieure à des poèmes de nos jours qui laisseraient ce même lettré indifférent. Chacune de ces femmes à côté d’une jolie bourgeoise était pour lui ce que sont à une toile contemporaine représentant une route ou une noce, ces tableaux anciens dont on sait l’histoire, depuis le Pape ou le Roi qui les commandèrent, en passant par tels personnages auprès de qui leur présence, par don, achat, prise ou héritage, nous rappelle quelque événement, ou tout au moins quelque alliance d’un intérêt historique, par conséquent des connaissances que nous avons acquises, leur donne une nouvelle utilité, augmente le sentiment de la richesse des possessions de notre mémoire ou de notre érudition. M. de Charlus se félicitait qu’un préjugé analogue au sien, en empêchant ces quelques grandes dames de frayer avec des femmes d’un sang moins pur, les offrît à son culte intactes, dans leur noblesse inaltérée, comme telle façade du XVIIIe siècle soutenue par ses colonnes plates de marbre rose et à laquelle les temps nouveaux n’ont rien changé.
我外祖母被德-夏吕斯先生迷住了。当然,他对一切关于世家和社会地位的问题极为重视,外祖母也发现了。但是人们对此严加指责时,一般总有隐隐的妒意和恼怒在里面,因为看到另外一个人享有自己也想有却无法拥有的优越地位。外祖母则丝毫不带此等的严责。相反,她对自己的命运很满意:丝毫不为自己并不生活在一个更加显赫的社会阶层而感到遗憾,所以她只是运用自己的智慧去观察德-夏吕斯先生的毛病而已。她谈到圣卢的舅父时,怀着达观、微笑、几乎好感的善意。我们用这种善意来报答他,因为他作为我们进行毫无利盖关系的观察对象,给我们带来了快乐。何况这一次,这观察对象还是一个人物,外祖母觉得他的自命不凡,不说是合情合理吧,至少也独有特点,这使得他与外祖母一般有机会见到的人相比,显得对照鲜明。与圣卢嘲笑的许多上流社会的人相反,可以看得出来,德-夏吕斯先生极其聪明、感受力极强。我的外祖母也正是因为这一点而轻易地原谅了他的贵族成见。然而无论是舅舅,还是外甥,都没有因为更杰出的优秀品质而丢掉这种成见。更确切地说,德-夏吕斯先生将二者调和起来了。象德-纳穆尔公爵和德-朗贝尔亲王的后代一样,他拥有档案,家具,壁毯,拉斐尔、委拉斯开兹和布歇为他的祖先绘制的肖像。只要概述一下他对自己家族的回忆,就可以名副其实地说,他是在“参观”一座博物馆和一间无与伦比的图书室。可是相反,他将贵族的全部遗产都置于他的外甥将他贬到的那个地位上。说不定还有另外一个因素,那就是他不像圣卢那样空想,不尚空谈,是更现实的人类观察家,他不愿意忽略他们视为根本的威望因素。虽然他赋予自己的想象以非物质利害的享受成分,但是这个因素对于他那功利主义的活动却可以常常成为一剂极为有效的补药。这种人与另一种人之间一直是有争论的。另一种人听从内心理想的召唤,内心的理想促使他们舍弃这些好处,去一心寻求实现理想。在这方面,他们与那些放弃自己高超的技巧的画家、作家很相似,与采用现代手法的手艺人很相似,与主动实行普遍裁军的善战人民很相似,与实行民主、废弃严酷法律的极权政府很相似,而现实常常并不能酬答他们高尚的努力。有时和平主义反倒使战争增加,宽容也使犯罪增加。如果从外部效果来判断,只能说圣卢努力做到诚恳和外露是非常了不起的,但也容许人们庆幸德-夏吕斯先生恰恰缺乏这二者。夏吕斯先生叫人将盖尔芒特公馆一大部分精美的木器运到了他外甥家里,而不是象他的外甥那样拿这批家具换了一套时髦款式的家具和一些勒布和纽约曼的画——德-夏吕斯先生的理想非常做作,这也是真的,如果“做作”这个修饰语可以与理想这个词联系起来的话,也就是说,既有社交气又有艺术性。几个姿色倾城又有罕见文化素养的女性,两个世纪以前,她们的祖先就已与君主制度全部的荣光与风雅结为一体。他从这样的几个女性身上找到了出众超群的东西,使他能够和她们在一起才感到快乐。诚然,他对这些女性的钦佩是诚心诚意的,但是她们的名字所唤起的许多历史与艺术上的模糊回忆也起了很大的作用。恰如贺拉斯的一首颂歌说不定比如今的一些诗歌逊色,但是一个文人读起前者来会感到快乐,对后者却无动于衷,对古代的回忆是他感到快乐的原因之一。这些女性中的每一个,与一个漂亮的布尔乔亚女子相比,对他来说,犹如那些古画之于当代一幅画着一条路或一次婚礼的油画。对那些古画,知道它们的历史,从定购这些画的教皇或国王开始,中间又经过什么大人物,这些画,通过馈赠,购买,取得或继承遗产,又唤起我们对某一重大事件的回忆,至少也唤起我们某一有历史意义的联想,因此我们获得的知识便赋予这些作品以一种全新的用处,增强了我们头脑中或我们博学中拥有财富的感觉。如果与德-夏吕斯先生的偏见相似的偏见妨碍这几位贵妇人去与血统不那么纯正的女性为伍,而将她们未起任何变化的崇高完整地奉献到他的祭坛上,就象某一十八世纪建筑的门面,由玫瑰色大理石平滑的廊柱支撑着,新朝代来到并未丝毫改变这门面一样,他是很为此庆幸的。
M. de Charlus célébrait la véritable noblesse d’esprit et de cœur de ces femmes, jouant ainsi sur le mot par une équivoque qui le trompait lui-même et où résidait le mensonge de cette conception bâtarde, de cet ambigu d’aristocratie, de générosité et d’art, mais aussi sa séduction, dangereuse pour des êtres comme ma grand’mère à qui le préjugé plus grossier mais plus innocent d’un noble qui ne regarde qu’aux quartiers et ne se soucie pas du reste eût semblé trop ridicule, mais qui était sans défense dès que quelque chose se présentait sous les dehors d’une supériorité spirituelle, au point qu’elle trouvait les princes enviables par-dessus tous les hommes parce qu’ils purent avoir un La Bruyère, un Fénelon comme précepteurs.
德-夏吕斯先生赞赏这些女性真正精神崇高,心地高尚,就这样用模棱两可来搞文字游戏,这模棱两可欺偏了他自己,其中也有这一含混概念、这种将贵族、心地高尚与艺术混为一谈所造成的虚假表象,同时也有夏吕斯先生诱人的一面。对于我外祖母这样的人,这种引诱是非常危险的。一个贵族,只看到自己的营盘,对其余的则不闻不问,他的偏见更荒唐,但也更无害人之心。对我外祖母来说,她似乎觉得这种偏见过于可笑,但是一旦某种东西在超人智慧的外表下出现,她就无还手之力了,以至她以为王子所有的人都出众超群,令人艳羡,因为他们得以有拉布吕耶尔和费纳龙这样的人作私人教师——
Devant le Grand-Hôtel, les trois Guermantes nous quittèrent ; ils allaient déjeuner chez la princesse de Luxembourg. Au moment où ma grand’mère disait au revoir à Mme de Villeparisis et Saint-Loup à ma grand’mère, M. de Charlus, qui jusque-là ne m’avait pas adressé la parole, fit quelques pas en arrière et arrivé à côté de moi : « Je prendrai le thé ce soir après dîner dans l’appartement de ma tante Villeparisis, me dit-il. J’espère que vous me ferez le plaisir de venir avec Madame votre grand’mère. » Et il rejoignit la marquise.
在大旅社门前,三位盖尔芒特家人离开了我们。他们到卢森堡亲王夫人家用午餐去了。就在外祖母向德-维尔巴里西斯夫人道再见,圣卢向外祖母道再见的时候,直到此刻没有与我讲过话的德-夏吕斯先生向后走了几步,来到我身边。
Quoique ce fût dimanche, il n’y avait pas plus de fiacres devant l’hôtel qu’au commencement de la saison. La femme du notaire en particulier trouvait que c’était bien des frais que de louer chaque fois une voiture pour ne pas aller chez les Cambremer, et elle se contentait de rester dans sa chambre.
“今天晚上晚饭后,我要在维尔巴里西斯婶母房内喝茶,”他对我说,“我希望你能赏光与你外祖母前来。”说完他追侯爵夫人去了。
Quoique ce fût dimanche, il n’y avait pas plus de fiacres devant l’hôtel qu’au commencement de la saison. La femme du notaire en particulier trouvait que c’était bien des frais que de louer chaque fois une voiture pour ne pas aller chez les Cambremer, et elle se contentait de rester dans sa chambre.
这天虽是星期天,旅馆门前的出租马车并没有度假季节开始时多。尤其是公证人的妻子,她觉得因为不去康布尔梅家而每次租一辆马车实在太破费,干脆待在自己房间里。
— Est-ce que Madame Blandais est souffrante ? demandait-on au notaire, on ne l’a pas vue aujourd’hui.
“布朗代太太身体不适吗?”人们问公证人,“今天没见她呀!”
— Elle a un peu mal à la tête, la chaleur, cet orage. Il lui suffit d’un rien ; mais je crois que vous la verrez ce soir. Je lui ai conseillé de descendre. Cela ne peut lui faire que du bien.
“她有点头疼,天这么热,又下雷阵雨。有一点事她就要……我想今天晚上你们能看见她。我已经劝她下楼了。这会对她有好处。”
J’avais pensé qu’en nous invitant ainsi chez sa tante, que je ne doutais pas qu’il eût prévenue, M. de Charlus eût voulu réparer l’impolitesse qu’il m’avait témoignée pendant la promenade du matin. Mais quand, arrivé dans le salon de Mme de Villeparisis, je voulus saluer le neveu de celle-ci, j’eus beau tourner autour de lui qui, d’une voix aiguë, racontait une histoire assez malveillante pour un de ses parents, je ne pus pas attraper son regard ; je me décidai à lui dire bonjour, et assez fort, pour l’avertir de ma présence, mais je compris qu’il l’avait remarquée, car avant même qu’aucun mot ne fût sorti de mes lèvres, au moment où je m’inclinais je vis ses deux doigts tendus pour que je les serrasse, sans qu’il eût tourné les yeux ou interrompu la conversation. Il m’avait évidemment vu, sans le laisser paraître, et je m’aperçus alors que ses yeux, qui n’étaient jamais fixés sur l’interlocuteur, se promenaient perpétuellement dans toutes les directions, comme ceux de certains animaux effrayés, ou ceux de ces marchands en plein air qui, tandis qu’ils débitent leur boniment et exhibent leur marchandise illicite, scrutent, sans pourtant tourner la tête, les différents points de l’horizon par où pourrait venir la police. Cependant j’étais un peu étonné de voir que Mme de Villeparisis, heureuse de nous voir venir, ne semblait pas s’y être attendue, je le fus plus encore d’entendre M. de Charlus dire à ma grand’mère : « Ah ! c’est une très bonne idée que vous avez eue de venir, c’est charmant, n’est-ce pas, ma tante ? » Sans doute avait-il remarqué la surprise de celle-ci à notre entrée et pensait-il en homme habitué à donner le ton, le « la », qu’il lui suffisait pour changer cette surprise en joie d’indiquer qu’il en éprouvait lui-même, que c’était bien le sentiment que notre venue devait exciter. En quoi il calculait bien, car Mme de Villeparisis qui comptait fort son neveu et savait combien il était difficile de lui plaire, parut soudain avoir trouvé à ma grand’mère de nouvelles qualités et ne cessa de lui faire fête. Mais je ne pouvais comprendre que M. de Charlus eût oublié en quelques heures l’invitation si brève, mais en apparence si intentionnelle, si préméditée qu’il m’avait adressée le matin même, et qu’il appelât « bonne idée » de ma grand’mère, une idée qui était toute de lui. Avec un scrupule de précision que je gardai jusqu’à l’âge où je compris que ce n’est pas en la lui demandant qu’on apprend la vérité sur l’intention qu’un homme a eue et que le risque d’un malentendu qui passera probablement inaperçu est moindre que celui d’une naïve insistance : « Mais monsieur, lui dis-je, vous vous rappelez bien, n’est-ce pas, que c’est vous qui m’avez demandé que nous vinssions ce soir ? » Aucun son, aucun mouvement ne trahirent que M. de Charlus eût entendu ma question. Ce que voyant je la répétai comme les diplomates ou ces jeunes gens brouillés qui mettent une bonne volonté inlassable et vaine à obtenir des éclaircissements que l’adversaire est décidé à ne pas donner. M. de Charlus ne me répondit pas davantage. Il me sembla voir flotter sur ses lèvres le sourire de ceux qui de très haut jugent les caractères et les éducations.
我以为德-夏吕斯先生邀请我们去他婶母那里,是想弥补上午散步时他对我表现出的无礼,我也不怀疑他肯定通知了他的婶母。但是,当我走进德-维尔巴里西斯夫人的客厅,想向她的侄子问好时,我在他周围转来转去,一点搭不上话。他正用尖细的嗓门,针对他们的某个亲戚讲一个相当不怀好意的故事。我无法捕捉他的目光。我下定决心向他问好,而且声音相当大,为的是提醒他注意我的存在。可是我明白他早已注意了我的存在。因为就在我躬身施礼而从我的双唇还没有发出一个字音的时候,我看到他伸出两根手指叫我握,而眼睛却没有转过来,亦未中断他的谈话。显然,他看见了我,只是不露声色。这时我发现他的双眼从来都不定睛望着谈话对方,而是不停地四面转动,就象某些受惊野兽的眼睛,或者露天小贩的眼睛。这些露天小贩,他们一面大吹特吹,展示他们那违法的商品,一面头虽不转,却眼观四路,窥视着警察会出现在地平线上的各点。我看出,德-维尔巴里西斯夫人看见我们来了很高兴,但是她似乎没有料到我们会到来。我有点惊异。德-夏吕斯先生对我外祖母说:“啊,你们来了,这个主意真不错。婶婶,这真好,是不是?”我听到这话,更惊诧莫名。显然他发现他婶母见我们进来大吃一惊,作为惯于定调子的人,他想只要指出他本人感到很高兴,就足以将这惊讶变成快乐了,而且我们前来也确实应该激起快乐的情绪。这件事他算计对了,因为德-维尔巴里西斯夫人对她侄子看得很重,而且知道要讨他开心是多么困难。她似乎突然发现我外祖母有什么新的优秀品质,不断地殷勤招待她。我无法理解,德-夏吕斯先生在几小时之内便将当天早上向我发出的邀请忘得一干二净。这邀请虽然很简短,但表面上看是那样有意为之,那样经过考虑,他竟然将这个完全是他自己的主意,称作我外祖母的“好主意”。我那时还是“丁是丁,卯是卯”的,直到后来长大了,才明白:对于一个人的意图到底如何,不是向他本人询问就能得知真相的;宁愿冒产生误会的危险,误会说不定未引人注意就过去了,这种风险远远小于天真地认死理。“先生,”我怀着非要弄个一清二楚的心情对他说,“您可记得,不是您向我要求,请我们今晚来的吗?” 没有一个动作,没有一点声音能透露出德-夏吕斯先生听到了我的问题。看到这种情景,我又重复了一遍我的问题,就像外交家或那些闹了别扭的年轻人一样,他们不厌其烦地要得到对方的澄清,但是毫无用处,对方就是下定决心不予以澄清。德-夏吕斯先生并不给我进一步的答复。我仿佛看见他的双唇上掠过一丝冷笑,那是居高临下品评别人的性格和所受教育的人发出的冷笑。 评分完成:已经给 wangguotong 加上 50 银元!
|