[返回学习园地首页]·[所有跟帖]·[ 回复本帖 ] ·[热门原创] ·[繁體閱讀]·[版主管理]
中法对照:A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU 追忆似水年华(6)
送交者: wangguotong[★★★声望勋衔13★★★] 于 2024-03-29 7:15 已读 4217 次 3 赞  

wangguotong的个人频道

中法对照:A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU 追忆似水年华6

作者:Marcel Proust   马塞尔-普鲁斯特

编辑整理:WANGGUOTONG

Première Partie第一部

COMBRAY(1)

第一卷 贡布雷(1)

 

Je ne quittais pas ma mère des yeux, je savais que quand on serait à table, on ne me permettrait pas de rester pendant toute la durée du dîner et que, pour ne pas contrarier mon père, maman ne me laisserait pas l’embrasser à plusieurs reprises devant le monde, comme si ç’avait été dans ma chambre. Aussi je me promettais, dans la salle à manger, pendant qu’on commencerait à dîner et que je sentirais approcher l’heure, de faire d’avance de ce baiser qui serait si court et furtif, tout ce que j’en pouvais faire seul, de choisir avec mon regard la place de la joue que j’embrasserais, de préparer ma pensée pour pouvoir grâce à ce commencement mental de baiser consacrer toute la minute que m’accorderait maman à sentir sa joue contre mes lèvres, comme un peintre qui ne peut obtenir que de courtes séances de pose, prépare sa palette, et a fait d’avance de souvenir, d’après ses notes, tout ce pour quoi il pouvait à la rigueur se passer de la présence du modèle. Mais voici qu’avant que le dîner fût sonné mon grand-père eut la férocité inconsciente de dire : « Le petit a l’air fatigué, il devrait monter se coucher. On dîne tard du reste ce soir. » Et mon père, qui ne gardait pas aussi scrupuleusement que ma grand’mère et que ma mère la foi des traités, dit : « Oui, allons, va te coucher. » Je voulus embrasser maman, à cet instant on entendit la cloche du dîner. « Mais non, voyons, laisse ta mère, vous vous êtes assez dit bonsoir comme cela, ces manifestations sont ridicules. Allons, monte ! » Et il me fallut partir sans viatique ; il me fallut monter chaque marche de l’escalier, comme dit l’expression populaire, à « contre-cœur », montant contre mon cœur qui voulait retourner près de ma mère parce qu’elle ne lui avait pas, en m’embrassant, donné licence de me suivre. Cet escalier détesté où je m’engageais toujours si tristement, exhalait une odeur de vernis qui avait en quelque sorte absorbé, fixé, cette sorte particulière de chagrin que je ressentais chaque soir, et la rendait peut-être plus cruelle encore pour ma sensibilité parce que, sous cette forme olfactive, mon intelligence n’en pouvait plus prendre sa part. Quand nous dormons et qu’une rage de dents n’est encore perçue par nous que comme une jeune fille que nous nous efforçons deux cents fois de suite de tirer de l’eau ou que comme un vers de Molière que nous nous répétons sans arrêter, c’est un grand soulagement de nous réveiller et que notre intelligence puisse débarrasser l’idée de rage de dents de tout déguisement héroïque ou cadencé. C’est l’inverse de ce soulagement que j’éprouvais quand mon chagrin de monter dans ma chambre entrait en moi d’une façon infiniment plus rapide, presque instantanée, à la fois insidieuse et brusque, par l’inhalation — beaucoup plus toxique que la pénétration morale — de l’odeur de vernis particulière à cet escalier. Une fois dans ma chambre, il fallut boucher toutes les issues, fermer les volets, creuser mon propre tombeau, en défaisant mes couvertures, revêtir le suaire de ma chemise de nuit. Mais avant de m’ensevelir dans le lit de fer qu’on avait ajouté dans la chambre parce que j’avais trop chaud l’été sous les courtines de reps du grand lit, j’eus un mouvement de révolte, je voulus essayer d’une ruse de condamné. J’écrivis à ma mère en la suppliant de monter pour une chose grave que je ne pouvais lui dire dans ma lettre. Mon effroi était que Françoise, la cuisinière de ma tante, qui était chargée de s’occuper de moi quand j’étais à Combray, refusât de porter mon mot. Je me doutais que pour elle, faire une commission à ma mère quand il y avait du monde lui paraîtrait aussi impossible que pour le portier d’un théâtre de remettre une lettre à un acteur pendant qu’il est en scène. Elle possédait à l’égard des choses qui peuvent ou ne peuvent pas se faire un code impérieux, abondant, subtil et intransigeant sur des distinctions insaisissables ou oiseuses (ce qui lui donnait l’apparence de ces lois antiques qui, à côté de prescriptions féroces comme de massacrer les enfants à la mamelle, défendent avec une délicatesse exagérée de faire bouillir le chevreau dans le lait de sa mère, ou de manger dans un animal le nerf de la cuisse). Ce code, si l’on en jugeait par l’entêtement soudain qu’elle mettait à ne pas vouloir faire certaines commissions que nous lui donnions, semblait avoir prévu des complexités sociales et des raffinements mondains tels que rien dans l’entourage de Françoise et dans sa vie de domestique de village n’avait pu les lui suggérer ; et l’on était obligé de se dire qu’il y avait en elle un passé français très ancien, noble et mal compris, comme dans ces cités manufacturières où de vieux hôtels témoignent qu’il y eut jadis une vie de cour, et où les ouvriers d’une usine de produits chimiques travaillent au milieu de délicates sculptures qui représentent le miracle de saint Théophile ou les quatre fils Aymon. Dans le cas particulier, l’article du code à cause duquel il était peu probable que sauf le cas d’incendie Françoise allât déranger maman en présence de M. Swann pour un aussi petit personnage que moi, exprimait simplement le respect qu’elle professait non seulement pour les parents — comme pour les morts, les prêtres et les rois — mais encore pour l’étranger à qui on donne l’hospitalité, respect qui m’aurait peut-être touché dans un livre mais qui m’irritait toujours dans sa bouche, à cause du ton grave et attendri qu’elle prenait pour en parler, et davantage ce soir où le caractère sacré qu’elle conférait au dîner avait pour effet qu’elle refuserait d’en troubler la cérémonie. Mais pour mettre une chance de mon côté, je n’hésitai pas à mentir et à lui dire que ce n’était pas du tout moi qui avais voulu écrire à maman, mais que c’était maman qui, en me quittant, m’avait recommandé de ne pas oublier de lui envoyer une réponse relativement à un objet qu’elle m’avait prié de chercher ; et elle serait certainement très fâchée si on ne lui remettait pas ce mot. Je pense que Françoise ne me crut pas, car, comme les hommes primitifs dont les sens étaient plus puissants que les nôtres, elle discernait immédiatement, à des signes insaisissables pour nous, toute vérité que nous voulions lui cacher ; elle regarda pendant cinq minutes l’enveloppe comme si l’examen du papier et l’aspect de l’écriture allaient la renseigner sur la nature du contenu ou lui apprendre à quel article de son code elle devait se référer. Puis elle sortit d’un air résigné qui semblait signifier : « C’est-il pas malheureux pour des parents d’avoir un enfant pareil ! » Elle revint au bout d’un moment me dire qu’on n’en était encore qu’à la glace, qu’il était impossible au maître d’hôtel de remettre la lettre en ce moment devant tout le monde, mais que, quand on serait au rince-bouche, on trouverait le moyen de la faire passer à maman. Aussitôt mon anxiété tomba ; maintenant ce n’était plus comme tout à l’heure pour jusqu’à demain que j’avais quitté ma mère, puisque mon petit mot allait, la fâchant sans doute (et doublement parce que ce manège me rendrait ridicule aux yeux de Swann), me faire du moins entrer invisible et ravi dans la même pièce qu’elle, allait lui parler de moi à l’oreille ; puisque cette salle à manger interdite, hostile, où, il y avait un instant encore, la glace elle-même — le « granité » — et les rince-bouche me semblaient receler des plaisirs malfaisants et mortellement tristes parce que maman les goûtait loin de moi, s’ouvrait à moi et, comme un fruit devenu doux qui brise son enveloppe, allait faire jaillir, projeter jusqu’à mon cœur enivré l’attention de maman tandis qu’elle lirait mes lignes. Maintenant je n’étais plus séparé d’elle ; les barrières étaient tombées, un fil délicieux nous réunissait. Et puis, ce n’était pas tout : maman allait sans doute venir !

 

我两眼盯住了妈妈,我知道,只得一开晚饭,他们就不会让我呆到晚饭结束,为了不使我的父系扫兴,妈妈不会让我当着大家的面象我在卧室里那样地亲她好几遍的。所以,在餐厅里,在就要开晚饭的时候,在我感到那时间即将来临的当口,我就先为那短促而悄然的一吻,从我力所能及的方面,作好一切准备:我用眼睛选定妈妈脸上的某一个部位,作为我的吻的落点;由于我在精神上已经有了吻的开端,所以我作好思想准备,以便在妈妈把脸凑过来的刹那间,我能充分地感受到我嘴唇贴着的她那部分的肌肤的温存;我好比一个画家要画幅肖像,但是描绘对象只能短暂地出现几次,画家在准备调色板之前,早已根据自己所作的笔记作好细致的回忆,即使描绘对象不在场,他也能画得维妙维肖。然而,晚饭的铃声还没有打响,我的外祖父却残忍地说(虽然他并没有意识到自己的残忍):这孩子看样子很累,该上楼睡觉去了,再说,咱们今天晚饭吃得晚。我的父亲本来就不如我的母亲和外祖母那样一丝不苟地信守协议,这时说道:是啊,快,睡觉去。我想过去亲亲妈妈,就在这一刹那,晚饭的铃声响了。不必了,别麻烦你的妈妈了。这也就等于道过晚安了,这种表示本来就多余可笑。快点,上楼去!我等于连盘缠费都没有领到就得上路;我必须像俗话所说戗着心眼儿登上一级一级的楼梯,我的心只想回转到母亲身边去,因为母亲还没有吻我,还没有以此来给我的心灵发放许可证,让她的吻陪我回房。但是,我不得不违心上楼。这可恨的楼梯呀,每当我踏上梯级,总不免凄然若失,那股油漆味可以说已经吸收了、凝聚了我天天晚上都要感到的那种特殊的悲哀,也许正因为如此,一闻到它我才更感到痛心;我的智慧在这种嗅觉的形式下变得木然而丧失了功能。当我们沉入梦乡时,我们不会感到牙疼,只觉得仿佛有一位姑娘掉进水里。我们拚命把她从水里打捞起来,捞起又掉下,掉下又捞起,一连二百次;或者,好比有那么一句莫里哀的诗,我们不停地背诵。处于这种情况,我们只有醒来才能舒口气,我们的智慧才能使牙疼摆脱掉见义勇为的伪装和吟诵诗句的假相。当登楼时的悲哀以迅雷般的速度侵入我内心时,我所感到的却是舒心的反面。这种侵入几乎是顿时发生的,悲哀通过我嗅到的楼梯的特殊的油漆味,突然不知不觉地钻进我的心扉,这比通过精神的渗透更具有毒害心灵的功效。我一进卧室,就得把一切出入口全部堵死,把百叶窗合上,抖开被窝,为我自己挖好墓坑,然后像裹尸一样换上睡衣。那时正当夏令,由于我睡在罩着厚布床幔的大床上太热,他们就为我在房内另外放了一张铁床。我在尚未葬身铁床之前忽然萌生了反抗的念头,我要施个囚犯惯施的诡计,我给母亲写了一封信,说有要紧事要当面禀告,信上不便说,只求她上楼来见我。我只怕弗朗索瓦丝不肯为我送信。她是我的姨祖母家的厨娘,我住在贡布雷的时候,起居由她负责照料。我想,家里有客时要她给我的母亲递信,其难度之大正等于求剧院门房给正在台上演出的女演员送便条,几乎是办不到的。不过,能办不能办,弗朗索瓦丝自有一部严峻专横、条目繁多、档次细密、不得通融的法典,其间的区别一般人分辨不清,也就是琐细至极(所以她那套法典大有古代法律的风貌,那些古代法律残忍处可下令大批杀戮嗷嗷待哺的婴儿,可是有些条文却慈悲得连山羊羔的肉都禁止用母山羊的奶来炖,还禁止啃食动物大腿上的筋)。有时候,弗朗索瓦丝顽固地拒绝为我们干托她办的事;由此而论,似乎她的法典对于上流社会的复杂规矩和交际场合的种种讲究都有所估计,而这些,单凭她这样一个农村女仆的所见所闻,是得不到任何暗示的。我们只能说,她身上有一身非常古老、高尚、但又不为人们所理解的法兰西传统陈迹,好比我们在那些手工业城市中所见到的那样,陈旧的华屋证明往昔曾是王公幸驾之地,化工厂的工人们从事劳动的场地周围,有古老的雕塑珍品,主题有泰奥菲尔遇到圣母显灵,或者埃蒙四兄弟乘坐神马逞威——   至于我当时的那个特殊情况该如何发落,弗朗索瓦丝的法典自有毫不含糊的规定:尊长敬客。所以除非发生火灾,她多半不可能为我这区区小儿去惊扰正陪着斯万先生说话的母亲大人。弗朗索瓦丝经常教训说:不仅对父母长辈要孝敬,对亡人、僧侣和王上要恭敬,还应该尊敬受到款待的宾客;这一套敬人之言倘若出自某部著作,我或许会深受感动,偏偏出自她的口中,我听了不免又气又恼,尤其是因为她说得那么一本正经,细声细气;尤其是今天晚上,她把请客吃晚饭看成神圣的礼仪,结果她必定拒绝惊扰宴会的礼仪。不过我还是要试试运气,于是我毫不迟疑地撒谎说,这封信并非我自己要写,我上楼时妈妈吩咐过,看看有没有她要找的东西,务必给她一个答复;要是不给妈妈捎句话去,她会生气的。我明明知道弗朗索瓦丝根本不信,她跟原始人一样,感觉比咱们灵敏得多,能从一般人觉察不到的征兆中一眼看透咱们企图掩饰的真相。她把信封足足端详了五分钟,好似单凭审察纸质和笔迹便可知道信封里的内容,换句话说,便可确定应按她那部法典中的哪一项条款来处置。随后,她无可奈何地走出房间,那表情等于说:唉!有那样一个孩子,做父母的也真算倒霉!转眼间她又回来了,说现在席上正在用冰冻甜食,大师傅无法当着众人的面把信递给我妈妈,得等到上漱口盅的当口才有法子送去。我的焦虑顿时得到冰释,顷刻间乾坤扭转,方才我离开母亲还意味着得等到明天才能重聚,可是呆会儿我的便条至少会把无影无踪的我,喜孜孜地带进妈妈所在的那间厅堂,而且会在我妈妈的耳畔悄悄地谈论我;虽然母亲看到便条肯定会不高兴(而且由于我的拙劣手段将使我在斯万的眼中显得十分可笑,她更会加倍地生气)。一秒钟之前,我还觉得餐桌上的冰冻甜食——“核桃冰淇淋以及漱口盅之类的享受无聊透顶,邋遢可憎,因为我的妈妈是在我不在场时独自享受的。可现在,那间原来对我极不友好,禁止入内的餐厅,忽然向我敞开大门,就象一只熟得裂开了表皮的水果,马上就要让妈妈读到我便条时所给予我的亲切关注,象蜜汁一般从那里流出来,滋润我陶醉的心房。我与母亲已经不再相隔异处;屏障倒塌了,柔情的丝丝缕缕重又把我和她系到一起。而且,还不止如此,妈妈还一定会上来看我!。

 

L’angoisse que je venais d’éprouver, je pensais que Swann s’en serait bien moqué s’il avait lu ma lettre et en avait deviné le but ; or, au contraire, comme je l’ai appris plus tard, une angoisse semblable fut le tourment de longues années de sa vie, et personne aussi bien que lui peut-être n’aurait pu me comprendre ; lui, cette angoisse qu’il y a à sentir l’être qu’on aime dans un lieu de plaisir où l’on n’est pas, où l’on ne peut pas le rejoindre, c’est l’amour qui la lui a fait connaître, l’amour auquel elle est en quelque sorte prédestinée, par lequel elle sera accaparée, spécialisée ; mais quand, comme pour moi, elle est entrée en nous avant qu’il ait encore fait son apparition dans notre vie, elle flotte en l’attendant, vague et libre, sans affectation déterminée, au service un jour d’un sentiment, le lendemain d’un autre, tantôt de la tendresse filiale ou de l’amitié pour un camarade. ─ Et la joie avec laquelle je fis mon premier apprentissage quand Françoise revint me dire que ma lettre serait remise, Swann l’avait bien connue aussi, cette joie trompeuse que nous donne quelque ami, quelque parent de la femme que nous aimons, quand arrivant à l’hôtel ou au théâtre où elle se trouve, pour quelque bal, redoute, ou première où il va la retrouver, cet ami nous aperçoit errant dehors, attendant désespérément quelque occasion de communiquer avec elle. Il nous reconnaît, nous aborde familièrement, nous demande ce que nous faisons là. Et comme nous inventons que nous avons quelque chose d’urgent à dire à sa parente ou amie, il nous assure que rien n’est plus simple, nous fait entrer dans le vestibule et nous promet de nous l’envoyer avant cinq minutes. Que nous l’aimons — comme en ce moment j’aimais Françoise — l’intermédiaire bien intentionné qui d’un mot vient de nous rendre supportable, humaine et presque propice la fête inconcevable, infernale, au sein de laquelle nous croyions que des tourbillons ennemis, pervers et délicieux entraînaient loin de nous, la faisant rire de nous, celle que nous aimons. Si nous en jugeons par lui, le parent qui nous a accosté et qui est lui aussi un des initiés des cruels mystères, les autres invités de la fête ne doivent rien avoir de bien démoniaque. Ces heures inaccessibles et suppliciantes où elle allait goûter des plaisirs inconnus, voici que par une brèche inespérée nous y pénétrons ; voici qu’un des moments dont la succession les aurait composées, un moment aussi réel que les autres, même peut-être plus important pour nous, parce que notre maîtresse y est plus mêlée, nous nous le représentons, nous le possédons, nous y intervenons, nous l’avons créé presque : le moment où on va lui dire que nous sommes là, en bas. Et sans doute les autres moments de la fête ne devaient pas être d’une essence bien différente de celui-là, ne devaient rien avoir de plus délicieux et qui dût tant nous faire souffrir, puisque l’ami bienveillant nous a dit : « Mais elle sera ravie de descendre ! Cela lui fera beaucoup plus de plaisir de causer avec vous que de s’ennuyer là-haut. » Hélas ! Swann en avait fait l’expérience, les bonnes intentions d’un tiers sont sans pouvoir sur une femme qui s’irrite de se sentir poursuivie jusque dans une fête par quelqu’un qu’elle n’aime pas. Souvent, l’ami redescend seul.

我方才苦恼地想:斯万如果看到我给母亲的信,并且猜出我的用心,一定会瞧不起我;然而我后来才知道,他一生之中对类似的苦恼有过长期的体会,谁也比不上他更了解我。自己所爱的人在自己不在场或不能去的地方消受快乐,对他来说,是一件烦恼苦闷的事,是爱情教他尝到的滋味。那样的烦恼苦闷,从某种意义上说,本来就注定属于爱情,而且一旦落入爱情之手它就变得具有专门的含义;但是它钻进象我这样生活中还没有出现过爱情的人的心中,它实际上是对爱情的期待;它漫无目的、自由自在地游动着,并无一定的钟情对象,只为某一天出现的某种感情效劳,这种感情有时是对父母的依恋,有时是对同伴的友谊。弗朗索瓦丝回来告诉我说,我的信即将交给母亲。那时我感到无比的喜悦。我在感情见习期所领受到的这种喜悦,斯万也早就体会过:这其实不过是哪位好心的朋友,或者我们心爱的女子的哪位亲戚,让我们空欢喜一场罢了。比如说,我们来到哪家公馆或者哪家剧院,知道我们的心上人也来这里参加舞会或者观看首场演出,这时有位朋友先是发现我们在门外踯躅,几近绝望地等待着同心上人接近的机会。那位朋友认出我们是谁,热心地过来招呼,问我们来这里有何贵干。我们就胡乱编套谎话,声称有要紧事必须告诉他的某位女亲戚或者某位女朋友。他连忙请我们放心,说这事再好办不过;他把我们领进门厅,答应五分钟之内一定送她下楼。我们多感激他呀——正等于这时我多感激弗朗索瓦丝!这样与人为善的中间人,仅凭一句话就改变了我们的心境:刚才我们还认为里面的灯红酒绿一定乌七八糟到不堪设想的地步,而且其中必有几股同我们作对的、邪恶的、盅惑人心的旋风把我们的心上人裹胁而去,让她嘲笑我们;可是顷刻之间,我们觉得这样的晚会还过得去,有人情味,甚至大有好处!若以那位向我们打招呼的朋友的态度来看(因为他也是晚会中的一员),我们可以推断其他宾客不至于会有多坏。原先我们不知道她在里面会享受到什么样的乐趣,那漫长的时辰可望而不可即,残酷地折磨人的感情,如今却出现了一个供我们潜入其间的缺口;在构成那些时间的序列中有那样一个时刻,同其他时刻一样真实,却又更为重要,因为它同我们的心上人关系更为密切,它活灵活现地出现在我们的眼前,我们占有它,参与其间,它几乎是我们自己创造出来的,这就是有人要去告诉她,我们就在楼下的那个时刻。也许,晚会的其它时刻同那个时刻并无本质的差别,并不更令人心醉而使我们痛苦万分,因为好心的朋友已经明白告诉我们:她肯定会非常高兴下来的!跟您谈谈总比在楼上百无聊赖要好得多。唉!斯万有过这方面的经验:感到她所不爱的人处处跟踪,甚至一直盯到晚会的门口,她岂能不生气?而第三者的好心并不能打消她的气恼,结果经常是只有那位好心的朋友一人下楼。

评分完成:已经给 wangguotong 加上 50 银元!

喜欢wangguotong朋友的这个贴子的话, 请点这里投票,“赞”助支持!
[举报反馈]·[ wangguotong的个人频道 ]·[-->>参与评论回复]·[用户前期主贴]·[手机扫描浏览分享]·[返回学习园地首页]
帖子内容是网友自行贴上分享,如果您认为其中内容违规或者侵犯了您的权益,请与我们联系,我们核实后会第一时间删除。

所有跟帖:        ( 主贴楼主有权删除不文明回复,拉黑不受欢迎的用户 )


用户名:密码:[--注册ID--]

标 题:

粗体 斜体 下划线 居中 插入图片插入图片 插入Flash插入Flash动画


     图片上传  Youtube代码器  预览辅助

打开微信,扫一扫[Scan QR Code]
进入内容页点击屏幕右上分享按钮

楼主本栏目热帖推荐:

>>>>查看更多楼主社区动态...






[ 留园条例 ] [ 广告服务 ] [ 联系我们 ] [ 个人帐户 ] [ 版主申请 ] [ Contact us ]