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中法对照:A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU 追忆似水年华(38)
送交者: wangguotong[★★★声望勋衔13★★★] 于 2024-04-30 0:37 已读 3248 次 2 赞  

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中法对照:A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU 追忆似水年华38

作者:Marcel Proust   马塞尔-普鲁斯特

编辑整理:WANGGUOTONG

Première Partie第一部

COMBRAY(4)

第一卷 贡布雷(4) 

 

Aussi le côté de Méséglise et le côté de Guermantes restent-ils pour moi liés à bien des petits événements de celle de toutes les diverses vies que nous menons parallèlement, qui est la plus pleine de péripéties, la plus riche en épisodes, je veux dire la vie intellectuelle. Sans doute elle progresse en nous insensiblement, et les vérités qui en ont changé pour nous le sens et l’aspect, qui nous ont ouvert de nouveaux chemins, nous en préparions depuis longtemps la découverte ; mais c’était sans le savoir ; et elles ne datent pour nous que du jour, de la minute où elles nous sont devenues visibles. Les fleurs qui jouaient alors sur l’herbe, l’eau qui passait au soleil, tout le paysage qui environna leur apparition continue à accompagner leur souvenir de son visage inconscient ou distrait ; et certes quand ils étaient longuement contemplés par cet humble passant, par cet enfant qui rêvait — comme l’est un roi, par un mémorialiste perdu dans la foule — ce coin de nature, ce bout de jardin n’eussent pu penser que ce serait grâce à lui qu’ils seraient appelés à survivre en leurs particularités les plus éphémères ; et pourtant ce parfum d’aubépine qui butine le long de la haie où les églantiers le remplaceront bientôt, un bruit de pas sans écho sur le gravier d’une allée, une bulle formée contre une plante aquatique par l’eau de la rivière et qui crève aussitôt, mon exaltation les a portés et a réussi à leur faire traverser tant d’années successives, tandis qu’alentour les chemins se sont effacés et que sont morts ceux qui les foulèrent et le souvenir de ceux qui les foulèrent. Parfois ce morceau de paysage amené ainsi jusqu’à aujourd’hui se détache si isolé de tout, qu’il flotte incertain dans ma pensée comme une Délos fleurie, sans que je puisse dire de quel pays, de quel temps — peut-être tout simplement de quel rêve — il vient. Mais c’est surtout comme à des gisements profonds de mon sol mental, comme aux terrains résistants sur lesquels je m’appuie encore, que je dois penser au côté de Méséglise et au côté de Guermantes. C’est parce que je croyais aux choses, aux êtres, tandis que je les parcourais, que les choses, les êtres qu’ils m’ont fait connaître sont les seuls que je prenne encore au sérieux et qui me donnent encore de la joie. Soit que la foi qui crée soit tarie en moi, soit que la réalité ne se forme que dans la mémoire, les fleurs qu’on me montre aujourd’hui pour la première fois ne me semblent pas de vraies fleurs. Le côté de Méséglise avec ses lilas, ses aubépines, ses bluets, ses coquelicots, ses pommiers, le côté de Guermantes avec sa rivière à têtards, ses nymphéas et ses boutons d’or, ont constitué à tout jamais pour moi la figure des pays où j’aimerais vivre, où j’exige avant tout qu’on puisse aller à la pêche, se promener en canot, voir des ruines de fortifications gothiques et trouver au milieu des blés, ainsi qu’était Saint-André-des-Champs, une église monumentale, rustique et dorée comme une meule ; et les bluets, les aubépines, les pommiers qu’il m’arrive quand je voyage de rencontrer encore dans les champs, parce qu’ils sont situés à la même profondeur, au niveau de mon passé, sont immédiatement en communication avec mon cœur. Et pourtant, parce qu’il y a quelque chose d’individuel dans les lieux, quand me saisit le désir de revoir le côté de Guermantes, on ne le satisferait pas en me menant au bord d’une rivière où il y aurait d’aussi beaux, de plus beaux nymphéas que dans la Vivonne, pas plus que le soir en rentrant — à l’heure où s’éveillait en moi cette angoisse qui plus tard émigre dans l’amour, et peut devenir à jamais inséparable de lui — je n’aurais souhaité que vînt me dire bonsoir une mère plus belle et plus intelligente que la mienne. Non ; de même que ce qu’il me fallait pour que je pusse m’endormir heureux, avec cette paix sans trouble qu’aucune maîtresse n’a pu me donner depuis, puisqu’on doute d’elles encore au moment où on croit en elles et qu’on ne possède jamais leur cœur comme je recevais dans un baiser celui de ma mère, tout entier, sans la réserve d’une arrière-pensée, sans le reliquat d’une intention qui ne fut pas pour moi — c’est que ce fût elle, c’est qu’elle inclinât vers moi ce visage où il y avait au-dessous de l’œil quelque chose qui était, paraît-il, un défaut, et que j’aimais à l’égal du reste ; de même ce que je veux revoir, c’est le côté de Guermantes que j’ai connu, avec la ferme qui est peu éloignée des deux suivantes serrées l’une contre l’autre, à l’entrée de l’allée des chênes ; ce sont ces prairies où, quand le soleil les rend réfléchissantes comme une mare, se dessinent les feuilles des pommiers, c’est ce paysage dont parfois, la nuit dans mes rêves, l’individualité m’étreint avec une puissance presque fantastique et que je ne peux plus retrouver au réveil. Sans doute pour avoir à jamais indissolublement uni en moi des impressions différentes, rien que parce qu’ils me les avaient fait éprouver en même temps, le côté de Méséglise ou le côté de Guermantes m’ont exposé, pour l’avenir, à bien des déceptions et même à bien des fautes. Car souvent j’ai voulu revoir une personne sans discerner que c’était simplement parce qu’elle me rappelait une haie d’aubépines, et j’ai été induit à croire, à faire croire à un regain d’affection, par un simple désir de voyage. Mais par là même aussi, et en restant présents en celles de mes impressions d’aujourd’hui auxquelles ils peuvent se relier, ils leur donnent des assises, de la profondeur, une dimension de plus qu’aux autres. Ils leur ajoutent aussi un charme, une signification qui n’est que pour moi. Quand par les soirs d’été le ciel harmonieux gronde comme une bête fauve et que chacun boude l’orage, c’est au côté de Méséglise que je dois de rester seul en extase à respirer, à travers le bruit de la pluie qui tombe, l’odeur d’invisibles et persistants lilas.    

因此梅塞格利丝那边和盖尔芒特家那边,对于我来说,是同我们各种并行的生活中最充满曲折、最富于插曲的那种生活的许多琐细小事紧密相连的,也就是同我们的精神生活有关。无疑,它在我们的心中是悄悄地进展的,而我们认为意义和面貌都发生变化的真理,为我们开辟新的道路的真理,我们其实早就为了发现它作过长期的准备,只是我们没有意识到罢了;而在我们的心目中,真理却只从它变得显而易见的那一天、那一分钟算起。当年在草地上嬉戏的花朵,当年在阳光下流淌的河水,曾与周围的风景相关连,而这些景物至今仍留恋着它们当年的无意识的或者散淡的风貌;不用说,当它们被那位微不足道的过客、那个想入非非的孩子久久地审视时,好比一位国王受到湮没在人群中的某位回忆录作者的仔细的考察那样。大自然的那个角落,花园里的那个地段未必能认为它们多亏那孩子才得以继续幸存在它们稍纵即逝的特色之中;然而,掠过花篱,紧接着由野蔷薇接替的那株山楂花的芳香、花径台阶上没有回音的脚步声、河中泛起扑向一棵水草又立即破碎的水泡,都一直留在我激荡的心里,而且连续那么些年都久久难忘,而周围的道路却在记忆中消失得无影无踪了。走过那些道路的人死了,甚至连对走过那些道路的人的回忆也都泯灭了。有时,延存至今的那一截片断的景物,孤零零地从大千世界中清晰地浮现,繁花似锦似的小岛在我的脑海中漂动,我却说不出它来自何方,起于何时——也许干脆出自什么梦境。但是,我之所以要想到梅塞格利丝那边和盖尔芒特家那边,首先是把它们看作我的精神领域的深层沉淀,看作我至今仍赖以存身的坚固的地盘。正因为我走遍那两处地方的时候,我对物对人都深信不疑,所以唯独我经过那些地方时所认识到的物和人至今仍使我信以为真,仍使我感到愉快。也许因为创作的信心已在我的心中枯萎,也许因为现实只在我的回忆中成形,今天人们指给我看我以前未曾见过的花朵,我只觉得不是真花。沿途有丁香花、山楂花、矢车菊、丽春花和苹果树的梅塞格利丝那边,沿途有蝌蚪浮游的河流、睡莲、金盏花的盖尔芒特家那边,在我的心目中永远构成了我乐于生活其间的地域景象,在那里我首先要求的是能有地方钓鱼,有地方划船,有地方见到哥特式古堡的残迹,就象在圣安德烈那里一样,能在麦浪之间找到一座磨房般金光灿烂、乡土气十足的、雄伟的教堂。我如今漫游时偶尔还能在田野中遇见矢车菊、山楂树和苹果树,由于它们早印在我的心灵深处,与我的往事相处在同一层次、所以便直接同我的心灵相通。然而因为一地有一地的独特之处,所以我一旦萌生重访盖尔芒特家那边的愿望,即使那时有人领我到一条河边,河里的睡莲跟维福纳河的睡莲一样美,甚至更美,我也不能得到满足;同样,黄昏时回到家里,在忧虑袭来的时刻(后来这忧虑迁居进爱情的领域,变得同爱情难分难舍),我也不希望有一位比我的母亲更美丽、更聪明的母亲来同我道晚安。不,为了我能美滋滋地、安心地入睡,我需要的是她,是我的母亲,是她向我俯来的脸庞,在她的眼睛下面似乎有什么东西,可以算一种缺陷,但我也同样喜欢;除母亲之外,没有一个情妇能使我得到那样纤毫不乱的安宁,因为你即使信赖她们的时候都不免存有戒心,你永远不能象我接受母亲一吻那样得到她们的心;母亲的吻是完整的,不掺进任何杂念,绝无丝毫其它意图,只是一心为我。同样,我想重睹芳华的是我所认识的盖尔芒特家那边的景物——半路有座农庄,与另外两座紧挨在一起的农庄相距颇远,位于那条橡树成行的林荫路口;是那几片被夕阳照得犹如池塘一样反光、倒映出苹果树低垂枝叉的如茵的草地。这幅风景有时在夜间进入我的梦境,其独特的个性以一种近乎神奇的力量紧紧搂住了我,待我从梦中醒来时,却又无从寻觅。无疑,梅塞格利丝那边或盖尔芒特家那边只因为在我心上留下不同印象的同时也使我亲身体验到了这一切,所以这些不同的印象才牢固地铭刻在我心中,永远紧紧地连结在一起,从而使我今后的生活面临那么多的幻灭,甚至那么多的错误。因为,我经常想重新见到某人,却意识不到这仅仅是由于那人使我回忆起攀满山楂花的蕾篱,因此我认为——同时也让别人相信——只需神游故地,便能重温昔日的残梦了。同样,即使我身临其境,今天在我可能同梅塞格利丝那边和盖尔芒特家那边有关的印象中,昔日的印象依然存在,只是那两个地方给我的印象提供了牢靠的基础、一定的深度和一种其他印象所没有的幅度;它们也使我的旧印象多了一种魅力,一种只有我才体会得到的意蕴。每当夏天的黄昏,和谐的天空响起猛兽吼叫般的雷鸣,在人人都埋怨风狂雨骤的时候,正是梅塞格利丝那边的昔日情景,驱使我独自透过落下的雨声,忘情地嗅到虽无形迹却长存于我的心田的丁香花的芬芳。

 

C’est ainsi que je restais souvent jusqu’au matin à songer au temps de Combray, à mes tristes soirées sans sommeil, à tant de jours aussi dont l’image m’avait été plus récemment rendue par la saveur — ce qu’on aurait appelé à Combray le « parfum » — d’une tasse de thé, et par association de souvenirs à ce que, bien des années après avoir quitté cette petite ville, j’avais appris, au sujet d’un amour que Swann avait eu avant ma naissance, avec cette précision dans les détails plus facile à obtenir quelquefois pour la vie de personnes mortes il y a des siècles que pour celle de nos meilleurs amis, et qui semble impossible comme semblait impossible de causer d’une ville à une autre — tant qu’on ignore le biais par lequel cette impossibilité a été tournée. Tous ces souvenirs ajoutés les uns aux autres ne formaient plus qu’une masse, mais non sans qu’on ne pût distinguer entre eux — entre les plus anciens, et ceux plus récents, nés d’un parfum, puis ceux qui n’étaient que les souvenirs d’une autre personne de qui je les avais appris — sinon des fissures, des failles véritables, du moins ces veinures, ces bigarrures de coloration, qui, dans certaines roches, dans certains marbres, révèlent des différences d’origine, d’âge, de « formation ».    

就这样,我往往遐思达旦,想到在贡布雷度过的时光,想到当年凄凉的不眠之夜,想到昔日的种种情景——是后来的一杯茶的味道(贡布雷人称之为香味),勾起了多少往事的生动形象——,更由于回忆的连锁反应,使我想到早在我出生之前就已经发生、但直到我离开贡布雷多年之后才听说的有关斯万的恋爱经历,这在细节上不可能精确无误,因为我们有时对死了几百年的人的生平。更容易知道一些细节,而对我们最亲密的朋友的生活,反而不易得到详备的认识,故而精确之不可能,好比想从这个城市同另一个城市的人聊天,在人们不知道有什么途径可以扭转这种不可能的情况下看来是无法进行的。这一切回忆重重叠叠,堆在一起,不过倒也不是不能分辨,有些回忆是老的回忆,有些是由一杯茶的香味勾引起来的比较靠后的回忆,有些则是我从别人那里听来的别人的回忆,其中当然还有裂缝,有名副其实的断层,至少有类似表明某些岩石、某些花纹石的不同起源、不同年代、不同结构的纹理和驳杂的色斑。

 

Certes quand approchait le matin, il y avait bien longtemps qu’était dissipée la brève incertitude de mon réveil. Je savais dans quelle chambre je me trouvais effectivement, je l’avais reconstruite autour de moi dans l’obscurité et — soit en m’orientant par la seule mémoire, soit en m’aidant, comme indication, d’une faible lueur aperçue, au pied de laquelle je plaçais les rideaux de la croisée — je l’avais reconstruite tout entière et meublée comme un architecte et un tapissier qui gardent leur ouverture primitive aux fenêtres et aux portes, j’avais reposé les glaces et remis la commode à sa place habituelle. Mais à peine le jour — et non plus le reflet d’une dernière braise sur une tringle de cuivre que j’avais pris pour lui — traçait-il dans l’obscurité, et comme à la craie, sa première raie blanche et rectificative, que la fenêtre avec ses rideaux quittait le cadre de la porte où je l’avais située par erreur, tandis que pour lui faire place, le bureau que ma mémoire avait maladroitement installé là se sauvait à toute vitesse, poussant devant lui la cheminée et écartant le mur mitoyen du couloir ; une courette régnait à l’endroit où il y a un instant encore s’étendait le cabinet de toilette, et la demeure que j’avais rebâtie dans les ténèbres était allée rejoindre les demeures entrevues dans le tourbillon du réveil, mise en fuite par ce pâle signe qu’avait tracé au-dessus des rideaux le doigt levé du jour.    

当然,当天色徐明时,我似醒非醒的短暂的朦胧早已经消散。我知道我果然躺在某一间屋子里,因为在夜犹未央时我已经把这房间照原样设想过一番了;仅仅靠我的回忆或者凭我放在窗帘下的一盏微弱的油灯提示,我已经象维持窗门原始布局的建筑师和装璜匠那样地把整间屋子里的格局和家具设置都照原样想象得各在其位了。我把镜子架在原处,把柜子也放在它通常占据的地点。但是,阳光已不是我起初误以为阳光,其实是黄铜帘杆上炭火余烬的反光了。当阳光象用粉笔在黑暗中刚划下第一道更正的白线时,原先被我错放进门框的窗户立刻带着窗帘脱框而跑;被我的记忆放错地方的书桌为了给窗帘让路也连忙把壁炉往前推,同时把过道那边的墙壁拨到一旁;一个小庭院稳稳当当地在一刹那之前为盥洗室所占据的地盘上落脚,而我在昏暗中所重建的那个寓所,被曙光伸出的手指在窗帘上方划下的那道苍白的记号赶得仓惶逃窜,挤进了我初醒时在回忆的漩涡中泛起的其他寓所的行列之中。

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